Nous quittons Barra do Lagoa, puis dépassons Florianopolis et l’ambiance urbaine pour rejoindre la calme lagune d’Ibiraquera, un peu moins de deux heures après. Nous sommes immédiatement frappés par la tranquillité des lieux, il faut dire que nous sommes encore au tout début de la saison estivale au Brésil ( fin novembre ), et le gros de l’afflux touristique n’est pas encore arrivé. Les vagues elles sont bien présentes, et nous repérons vite le pick up bleu de Yann Rifflet, un Français natif de l’Ile de Ré, et qui passe plus de la moitié de l’année sur place en compagnie de sa femme Leysa Perotti. Tous deux sont de grands passionnés de windsurf et ne crachent pas non plus sur quelques belles sessions de Sup, exploitant aussi bien la grande lagune au pied de leur maison que les vagues d’Ibiraquera. C’est bien beau me direz vous, mais comment font ils pour vivre à fond leur passion ? Réponse dans l’interview qui suit …
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  • Oi Yann, tudo bem ? Parles nous un peu de ton parcours personnel, comment et pourquoi es-tu arrivé à Ibiraquera ?
  • Beleza ! Cela fait maintenant 5 ans que nous avons acheté une maison sur la lagune d’Ibiraquera après être littéralement tombé sous le charme à la fois de la région et de ce spot ! Mon beau père travaille à Florianopolis ( la capitale de l’état Santa Catarina), et lors d’un séjour chez lui, nous avions voulu aller connaître le spot d’ibiraquera, réputé comme l’un des tout meilleurs spots du Brésil pour ses vagues.Leysa et moi avons adoré l’endroit et avons alors choisi de partager notre vie entre la France, où nous travaillons dans notre propre sushi bar  sur l’île de Ré entre avril et septembre, et entre octobre et mars, nous vivons au Brésil en passant un maximum de temps sur l’eau et en recevant des personnes dans nos chambres d’hôtes !
  • Tu sembles bien installé ici, comment s’est passé ton intégration en tant que Français venu chercher le vent et les vagues ?
  • L’ambiance est particulièrement détendue ici : il y a souvent des conditions, le spot est grand, et il y a assez peu de windsurfeurs locaux ( moins d’une dizaine), donc un windsurfeur de plus était le bienvenu !
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  • Il semble y avoir quelques compétitions en Sup et en windsurf dans le coin, comment vois-tu le niveau Brésilien dans ces deux disciplines ?
  • Ibiraquera étant considéré comme le meilleur spot de vagues au Brésil, les championnats nationaux de windsurf et de SUP (Ibiraquera Wave Contest) s’y déroulent toujours en oct/nov et viennent tout juste d’avoir lieu.
    Le niveau des brésiliens est tout simplement incroyable, ils sont vraiment en avance je pense, notamment en SUP où il y avait une dizaine de riders qui suivent le Stand Up World Tour. Leco Salazar de Sao Paulo était champion du monde l’année dernière, Caio Vaz est déjà deux fois vice champion du monde,…
    Quand au windsurf, Kauli Seadi, 3 x champion du monde en vagues,  a réinventé la discipline des vagues il y a quelques années en développant des planches « multi fins », plus proches des surfs, qui permettent d’être encore plus radical. Il a décidé d’arrêter le world tour cette année, mais c’est malgré tout encore un brésilien qui est champion du Monde cette année : Brawzinho !!
    Le surf est le second sport national après le foot, il y a très souvent d’excellentes conditions pour s’entraîner et les riders sont bien mis en avant par les médias et leurs sponsors :  tout ça fait qu’il y a un excellent niveau et que la relève pousse sans cesse !

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  • En parlant de Sup, peux-tu nous parler du matériel utilisé par les locaux ? Leurs planches semblent très petites non ?
  • Tous les riders utilisent des -petits-customs, très légers,  fins et plutôt étroits, entre 7 et 8 pieds pour la plupart mais très peu volumineux.Les planches de production sont très chères ici (à cause de taxes à l’importation), donc les shapers ont du travail et le font bien ! Leur construction se rapproche de celle d’un surf, avec une latte en bois dans le pain de mousse, et certains SUP sont tellement petit qu’ils n’ont même pas besoin de poignée au milieu, les riders peuvent prendre leur planche sous le bras comme un surf !

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  • Le potentiel de ta région : Ibiraquera est il le seul spot de qualité dans le coin ?
  • Bien sûr que non, la région regorge de spots de fous !!
    Ibiraquera capte bien le vent, et est parfait pour le windsurf avec du vent de Nord-est et de la houle de Sud ou d’Est. Le vent est side-off, en général entre 15 et 25 noeuds et les vagues déroulent sur du sable. Cela prend vite de la taille mais on peut toujours sortir assez facilement par le canal.
    Quand le vent est Sud (ce qui arrive moins souvent que le Nord-Est mais quand même assez régulièrement ) on peut aller juste de l’autre côté de l’île de batuta ( l’île de la plage d’Ibiraquera ), praia do Luz, mais aussi à Ribanceira (c’est le bout de la baie, la continuité de la plage d’Ibiraquera) où le vent est side off tribord !
    Pour le surf il y a aussi Praia da Vila à Imbituba (15 min en voiture), et encore d’autres spots très connus tous près : Praia do Rosa, Itapiruba, Praia do sol…)
  • Tu as une petite structure ici, logement et matériel multiglisse, peux tu nous en dire plus ?
  • Nous avons acheté  une maison il y a 5 ans avec Leysa, ma femme qui a une partie de sa famille dans la région, et avons mis en place un petit surf camp avec la possibilité de louer un appartement ou une maison tout confort les pieds dans l’eau, sur la lagune d’Ibiraquera.
    Il y a du matériel de SUP (balades sur la lagune ou planches pour surfer en mer), du matériel de  windsurf et de surf qui peuvent être mis à disposition avec le logement.
    L’emplacement est idéal, dans le village d’Ibiraquera, entre lagune et vagues, et on peut même rejoindre la mer depuis la lagune très facilement en SUP.
    Plus d’infos : www.ibiracasa.com et page facebook :  ibiracasa
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  • Quel conseils donnerais tu à nos lecteurs et lectrices tentés par un trip au Brésil ?
  • Le Brésil est un pays immense qui regorge de spots, dont encore beaucoup sont à découvrir !
    Le sud du pays n’offre pas toujours autant de vent que le Nordeste, mais les statistiques nous permettent quand même de naviguer en moyenne 2 à 3 fois par semaine dans d’excellentes conditions side-off avec très peu de monde à l’eau.  Sinon, il y a tous les jours des vagues de toute façon !
    Nous ne ressentons absolument pas d’insécurité et les brésiliens sont très accueillants. La nourriture est bonne, la culture brésilienne très dépaysante, n’hésitez-plus !
    Si vous aimez les vagues et /ou le vent, sortez donc des sentiers battus et venez découvrir la région d’Ibiraquera !
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Photos : Laurence Lassade

Publié par Fred Bonnef

Fred Bonnef, alias la grandedouille, alias Gitano, connu en Andalousie sous le surnom de Dieguito la Cigala et aux Canaries sous celui de La Curbina, pro rideur wind et sup chez Fanatic, North sails, Ion et Outside Reef, voyageur, éducateur sportif, jardinier, plongeur, aide cuisine, cas pour la science, réparateur de voile, guerrier survivant, chanteur sous sa douche, directeur de course, rédacteur en chef de tripandride.com